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Les Gabriels, architectes en Touraine au XVIIe siècle

Célèbre dynastie d’architectes des XVIIe-XVIIIe siècles au même titre que celle des Mansart à laquelle ils étaient apparentées – une nièce de François Mansart, Marie Delisle, sœur de Pierre Delisle-Mansart et cousine germaine de Jules Hardouin-Mansart, avait épousé en 1663 Jacques IV Gabriel (vers 1639-1686) –, une branche des Gabriel va quitter sa Normandie d’origine pour s’établir au début du XVIIe siècle en Touraine avant de faire carrière à Paris et Versailles pour une partie d’entre eux.

Dans les années 1630, Jacques II Gabriel (1605-1662) quitta en effet Argentan (Orne), où demeura son frère aîné Maurice (1602-1649), afin de s’établir dans la riche contrée de Saint-Paterne, sise entre Tours et Le Mans, sur la route reliant les deux villes et où se trouvait l’importante abbaye de la Clarté-Dieu.

Ces terres fécondes devaient constituer, dans les années 1660, celles offertes par Louis XIV à sa maîtresse tourangelle Louise de La Vallière (née à Tours en 1644, ndlr) pour constituer le duché de La Vallière.

Ceci explique en partie pourquoi la descendance de Jacques II s’en alla œuvrer à Paris et Versailles après son décès en 1662 pendant que l’autre partie demeura en Touraine à Saint-Paterne où sont encore une partie de la famille.

 

          Jacques II Gabriel, grande terrasse du château de la Roche-Racan, Saint-Paterne, années 1630, cl. Ph. Cachau              Jacques II Gabriel, château de la Roche-Racan, Saint-Paterne, années 1630, cl. Ph. Cachau

 

La première et la seule réalisation attestée de Jacques II, en l’état actuel des connaissances, est le château de la Roche-Racan à Saint-Paterne, bâti au début des années 1630 pour Honorat de Bueil (1589-1670), seigneur de Racan, poète réputé du règne de Louis XIII, devenu l’un des premiers membres de l’Académie française créée par Richelieu en 1634-1635. Rappelons que ce dernier établira aussi en Touraine son château et une cité à proximité, au sud de la région où était aussi d’autres grands seigneurs parisiens (Le Bouthillier, Mexme Gallet …) ou poitevins (De La Trémoille).

Jacques II Gabriel se livra à La Roche-Racan a un intéressant jeu de terrasse dominant la vallée de l’Écotais et conçut un grand corps de logis perpendiculaire à la grande terrasse. Là, est encore visible, dans ce qui reste du logis, le bel escalier à rampe sur rampe, agrémenté de pilastres ioniques et à la belle stéréotomie, l'art de lier les pierres entre elles. Les proportions de l'ensemble sont un peu maladroites mais il dut faire sensation en son temps dans cette partie de la Touraine.

 

                                                        Jacques II Gabriel, grand escalier du  chateau  de la Roche-Racan, années 1630, cl. Ph. Cachaue

 

On peut aussi rendre à Jacques II, voire à ses fils Jacques IV et Pierre, ce dernier très actif dans le secteur, les superbes retables baroques de l’église de Saint-Paterne.

Les trois hommes ne manquèrent sans doute pas d’être aussi sollicités pour les retables et autres décorations baroques des environs, à l’abbaye de La Clarté-Dieu ou à la collégiale SS. Michel-et-Pierre de Bueil, entre autres.

 

           Les Gabriels, retables de l'église de Saint-Paterne, milieu XVIIe, cl. Ph. Cachau              Pierre Gabriel, décor de la chapelle du château de la Motte-Sonzay, vers 1685, cl. Ph. Cachau

 

Nos recherches sur le château de La Motte à Sonzay ont permis d’identifier l’activité de Pierre Gabriel (1649-1695) ‒ 3e fils de Jacques II, issu d’un second lit ‒ pour Marie-Anne de Bueil, épouse du comte Jean-Léonard d’Acigné et future mère du maréchal-duc de Richelieu.

En décembre 1685, Pierre Gabriel se vit commander le nouveau maître-autel de l’église de Sonzay, ensemble détruit à la Révolution. Il ne fait pas de doute qu’il est aussi l’auteur de la décoration baroque de la chapelle du château de La Motte, exécutée à la même période. La Motte était en effet depuis le Moyen Age un fief de la famille de Bueil et Jacques II, père de Pierre, avait réalisé celle de La Roche-Racan en 1635-1636. Ajoutons que l’activité de Pierre Gabriel à La Motte-Sonzay est attestée dès 1679.

Le frère aîné de Pierre, Jacques IV Gabriel quittera la Touraine pour Paris et Versailles en 1662-1663, donnant naissance à la branche des grands architectes du règne de Louis XV : Jacques V Gabriel (1666-1742), son fils, et Ange-Jacques Gabriel (1698-1782), son petit-fils.

 

     Jacques V Gabriel, Pavillon central de la place de la Bourse, Bordeaux, 2e quart du XVIIIe siècle, cl. Ph. Cachau          Ange-Jacques Gabriel, Colonnade du pavillon du Garde-Meuble, 1766, cl. Ph. Cachau

 

Les Gabriel, architectes en Touraine au XVIIe siècle, émission Tilt, TV Tours, 22 février 2022, vidéo

Bibliographie :

Michel Gallet - Yves Bottineau (dir.), Les Gabriel, éd. Picard, Paris, 1982, réédition 2004.

Jean-Marie Pérouse de Montclos, Ange-Jacques Gabriel, l'héritier d'une dynastie d'architectes, CMN, Paris, 2012.

Villandry au XVIIIe siècle : l’architecte du marquis de Castellane identifié

Considéré à juste titre comme l’un des grands châteaux Renaissance du Val-de-Loire, Villandry est resté largement dans l’état souhaité au XVIIIe siècle par le comte Michel-Ange de Castellane (1703-1782).

En 1754, il acquit la seigneurie et obtînt son érection en marquisat par Louis XV en 1758. Elle demeurera la propriété de sa famille jusqu’à la cession par son fils, Esprit-François-Henri, en 1791.

Pour parvenir à ses fins, Castellane engagea, dès 1755 et jusqu’au début des années 1760, la rénovation complète du château et des jardins. Il procéda ainsi à la création de nouveaux pavillons à l’entrée du domaine, aujourd'hui à l'entrée de la commune, puis à l’avant-cour du château qui fut étendue et réaménagée. Un vaste logis pour les communs fut créé à l’est et, à l'ouest, de nouvelles écuries avec manège et logement pour la domesticité.

Le marquis de Castellane compléta le jeu des terrasses du jardin par d'autres, à l’est et au sud. Il aménagea la cascade que l’on voit aujourd’hui ainsi que, au sud du domaine, le grand bassin polylobé disposé au centre des parterres en gazon.

Les célèbres carrés du potager, qui font aujourd’hui la renommée des jardins de Villandry, ont été rétablis au début du XXe siècle à partir de ceux qui apparaissent sur le plan cadastral napoléonien de 1808.

Michel-Ange de Castellane remit également les façades du château au goût du jour, dans le style rocaille du moment. Il réaménagea parallèlement l’intégralité des intérieurs afin de leur conférer la modernité, le confort et les commodités si appréciées au XVIIIe siècle. L’escalier Renaissance polygonal hors œuvre de la cour fut démoli et remplacé par le bel escalier rocaille actuel.

 

                                     Villandry dans son état milieu XVIIIe, cliché fin XIXe.

 

Enfin, le château et le parc se virent dotés de pavillons de même style, conformes au goût pittoresque du moment : les pavillons de la terrasse et de l’audience (années 1750).

Tous ces aménagements ont été relatés lors de notre conférence pour la Société archéologique de Touraine, le 12 janvier 2022. On en retrouvera le contenu dans l'article à paraître dans le bulletin 2023 de la société.

Cette conférence fut surtout l’occasion de dévoiler  - enfin - le nom de l’architecte employé par le marquis de Castellane. Son nom nous fut révélé dans une procuration du marquis datée du 30 juin 1768, conservée dans le fonds du château du Rivau – autre propriété tourangelle du marquis – déposé aux Archives départementales d’Indre-et-Loire : il s’agit d’un dénommé Jean-Baptiste Saint-Joire.

L’homme, domicilié au château de Villandry, se déclarait abusivement « architecte du roi ». Il n’existe en effet aucun architecte de ce nom dans les registres de l’Académie royale d’architecture. Ce titre dut cependant faire son effet dans l’entourage du marquis de Castellane. Il était peut-être originaire de la Meuse où se trouve une commune de ce nom (?). On ignore tout du personnage.

Tout élément permettant une meilleure connaissance de sa personnalité et de son activité est donc bienvenu.

Contact

 

          Jean-Baptiste Saint-Joire, Pavillon de la terrasse, Villandry, milieu XVIIIe, cl. Ph. Cachau            Jean-Baptiste Saint-Joire, Pavillon de l'audience, Villandry, milieu XVIIIe, cl. Ph. Cachau

 

Addendum : En avril 2022, c'est avec une satisfaction particulière que nous avons pu identifier également l'appartement des marquis de Castellane, père et fils, dans l'aile gauche du château, au bout de la galerie.

Cet appartement fut en service jusqu'au début du XXe siècle et sert aujourd'hui de réserve. Disposé ensuite de l'actuelle salle mauresque, ancienne chambre du marquis, il se composait en outre d'un cabinet, de lieu d'aisance, salle de bains, corridor d'accès à l'ancienne terrasse menant au logis de l'intendance, chapelle ou oratoire et sacristie.

On espère le voir restauré prochainement et inscrit dans le circuit de visite. Nous nous livrerons à une analyse plus fine de cet appartement dans notre article pour la Société archéologique de Touraine à paraitre en 2023.

Actualités tourangelles

 

Retrouvez ici l'actualité de mes conférences, publications et médias 2021-2022 :

 

Conférences

Métamorphoses de Villandry au XVIIIe siècle : les superbes aménagements du comte de Castellane (1756-1762), Société archéologique de Touraine, Chapelle Saint-Libert, Tours, mercredi 12 janvier 2022, 14h30.

De Pierre Meusnier à Charles De Wailly : panorama de l'architecture de Tours et de la Touraine au XVIIIe siècle.Cycle "Les jeudis de l'architecture", jeudi 9 décembre 2021, 18h30, Tours, Hôtel de Ville, salle des mariages.

 

Publications

"Les architectes Gallois et Lafargue au château du Petit-Thouars : un bel exemple de néo-gothique tardif (1873-1901)", Bulletin de la Société historique de Chinon Vienne & Loire - Amis du Vieux Chinon, t. XII, n° 6, 2022, p. 903-920 (parution mars 2022).

"Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne – Pierre Meusnier : la vraie histoire du Palais du Commerce de Tours, 1757-1759", Bulletin de la Société archéologique de Touraine, tome LXVI, 2020 (2021), p. 81-94 (parution avril 2021).

 

TV

Les Gabriel, architectes de Touraine au XVIIe siècle, Tilt, TV Tours, 22 février 2022

Le chantier de restauration de la chapelle Saint-Hubert d'Amboise (2021-2023) Tilt, TV Tours, 7 février 2022

Pierre Meusnier, un grand architecte tourangeau du XVIIIe siècle, Tilt, TV Tours, 17 janvier 2022

L'architecture tourangelle du XVIIIe siècle ; joyau méconnu en son pays, Tilt, TV Tours, 7 décembre 2021

 

Internet

Philippe Cachau retrace l'histoire du patrimoine local ! Interview Gâtine-Choisille-Pays de Racan, janvier 2022

 

Presse

Indre-et-Loire : un chercheur découvre une petite chapelle oubliée au château de Villandry, La Nouvelle République, 7 juin 2022

Un élu municipal à l’Institut de France, La Nouvelle République, 8 décembre 2021

Amboise : le dernier secret du relief de la chapelle Saint-Hubert révélé, La Nouvelle République, 9 octobre 2021

Amboise, le château royal, style Renaissance ou 19e siècle ?, La Nouvelle République, 9 octobre 2021

 

 

    Tours, maisons XVe-XVIe siècles remaniées au XVIIIe siècle, cl. Ph. Cachau

Avant-première publications 2021

En ces temps de partage mais aussi d’incertitude grandissante face à l’avenir (covid-19 et ses variants récurrents, etc), à l’heure où les ouvrages d’art sont souvent difficiles à monter, nous avons souhaité profiter de cette période des fêtes de fin d'année pour mettre en ligne les textes de nos prochains ouvrages* , sans les illustrations (ndlr), ces textes étant susceptibles d'évolution dans l'édition finale. 

Notre objet est d’éveiller ainsi la curiosité du public, des éditeurs et des mécènes intéressés par nos travaux scientifiques afin qu'ils ne demeurent pas le privilège des seuls historiens de l'art mais qu'ils soient connus du plus grand nombre.

Les sujets ici évoqués, souvent inédits, sont :

- la dynastie des Mansart , travail de recherche de plus de 30 ans. Un ouvrage neuf, complet et inédit  sur l'exemple de l'ouvrage collectif sur les Gabriel sous la direction de Michel Gallet et Yves Bottineau en 1983 (réédition en 2004). Une vision croisée des trois grands Mansart pour mieux comprendre la part d'influence et d'innovation de ceux qui furent parmi les architectes les plus appréciés de leur temps. Biographies et analyses de Pierre Delisle-Mansart et Jean Mansart de Jouy. Fortune critique inédite en fin de texte.

- la cathédrale Saint-Louis de Versailles et son importance dans l’architecture du règne de Louis XV et au XIXe siècle1 (étude pionnière sur l'administration royale des Economats, les entrepreneurs du roi Louis Letellier et Jean Rondel, leurs liens avec les architectes du roi Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne et Louis-François Trouard, le sculpteur-ornemaniste Nicolas Pineau, des pans entiers de l'évolution de la cathédrale aux XIXe et XXe siècles et plein d'autres choses sur les arts aux XVIIIe et XIXe siècles). 

- les château et haras d’Asnières avec leur corollaire sur la famille Voyer d’Argenson, son influence majeure dans le domaine des arts et du cheval au siècle des Lumières2 . Un ouvrage qui révèle des pans méconnus de l'histoire de cette grande commune des Hauts-de-Seine dont le destin et l'évolution aux XVIIe-XIXe siècles restent en grande partie à découvrir.

- le domaine impérial de Biarritz et le développement de la cité balnéaire sous le Second Empire, leurs conséquences sur le développement du sud-ouest de la France à cette époque (redécouvrez l'histoire d'un domaine impérial longtemps négligés des historiens au-delà de la seule Villa Eugénie, trop souvent évoquée, ainsi que la véritable évolution de Biarritz sous le Second Empire, d'après des documents inédits ou mal appréciés). 

- la fabuleuse histoire de l’Hôtel du Palais qui suivit avec son flot d’événements et de personnalités qui firent la réputation internationale de Biarritz aux XIXe et XXe siècles. Vous en rêviez : le voici !

Nous saisissons cette occasion pour rappeler qu'en histoire de l’art, comme dans toute discipline, il existe deux catégories de chercheurs :

1°) les sérieux, les travailleurs, ceux qui effectuent leurs propres recherches dans les sources archivistiques et bibliographiques, qui se déplacent, se renseignent, développent leur réflexion et écrivent eux-mêmes leurs articles et ouvrages.

2°) les dilettantes, les mondains, les gens établis qui ne font plus rien ou presque et vivent sur leur réputation, font travailler les autres, s’approprient leurs trouvailles, dénigrent, plagient, escamotent, organisent des comités scientifiques plus ou moins sérieux autour de leur personne, avec amis et connaissances pas toujours concernés par le sujet évoqué, entravent les publications, écrivent à plusieurs mains ou recourent à des "aides" ... Les nombreuses indélicatesses dont nous avons été l'objet ces dernières années de la part de gens bien connus de tous nous conduisent à cette observation pour que cela cesse au plus vite.

Bref, pour ne pas se tromper sur ceux que vous lisez ou découvrez.

Bonne lecture à tous !

 

* Cette mise en ligne vaut publication. Tout emprunt dans une publication quel qu'il soit, non signalé en bonne et due forme, fera l'objet de poursuites.

 

 Bains Napoléon, Grand Hôtel, au fond, à gauche, et Casino Bellevue, à droite, lithographie XIXe       Couverture ouvrage Mansart, Ph. Cachau, à paraître.       Biarritz, Hôtel du Palais, ancienne résidence impériale, cl. Ph. Cachau

                                                   

 

                      Mansart de Sagonne, avant-corps du château d'Asnières, côté jardin, 1750-1752             Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne : Cathédrale Saint-Louis de Versailles, 1742-1754, cl. Ph. Cachau

 

1.Texte révisé et annoté de l’édition de 2009. Préface de Mgr Luc Crépy, évêque de Versailles, décembre 2021.

2.Découvrez nos travaux sur ces fabuleux chantiers et cette superbe famille du siècle des Lumières, engagés depuis la fin des années 1980 (ndlr).

Sous la coupole de l'Institut de France : séance annuelle de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres 2020-2021

Suite à notre publication, au 1er semestre 2020, de la correspondance de Julien-David Le Roy avec le marquis de Voyer dans le Journal des Savants, nous eûmes le privilège d’être conviés par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres à sa séance annuelle 2020-2021, tenue le 26 novembre sous la coupole de l’Institut de France.

Prendre place sous cette magnifique coupole où tant de brillants esprits et de gens illustres ont  siégé, est un plaisir particulier qui vaut la peine d'être vécu au moins une fois dans sa vie, surtout en présence d'aussi grands noms des sciences humaines, Mme Hélène Carrère d'Encausse notamment.

Après le soutien apporté à notre ouvrage sur la cathédrale de Versailles en 2008, c'est la seconde fois que nous fûmes ainsi honorés par une Académie de l'Institut.

 

                       Arrivée dans la cour de l'Institut de France, 26 novembre 2021, cl. Ph. Cachau                      Entrée dans l'amphithéâtre de l'Institut de France. Tombeau du cardinal de Mazarin par Coysevox et Le Hongre à l'arrière-plan, cl. Ph. Cachau

 

Cette séance s’est déroulée avec toute la solennité et le protocole d'usage : entrée des membres de l’Académie en habit vert avec haie d’honneur de la Garde républicaine et roulements de tambours, levée de l’assistance à ce moment.

 

                      Entrée solennelle des membres de l'Académie sous la coupole de l'Institut, 26 novembre 2021, cl. Ph. Cachau                 Entrée des académiciens sous la coupole, 26 novembre 2021, cl. Ph. Cachau

 

La séance fut introduite par le discours de M. Yves-Marie Bercé, président de l’Académie, suivi de la lecture du palmarès des récompenses et prix accordés par M. Henri Lavagne, vice-président, et enfin par l’allocution de M. Michel Zink, secrétaire perpétuel.

D’une durée de deux heures, la séance s’acheva par les interventions successives de trois membres de l’Académie :

-M. Alain Thote sur le thème : « Littérateurs et érudits dans la Chine antique à l’épreuve de l’archéologie ».

-Mme Agnès Rouveret sur le thème : « “Les yeux érudits“ : de la collection des œuvres à la constitution des savoirs dans l’Antiquité ».

-Mme Nicole Bériou sur le thème : « Un penseur érudit au travail : Thomas d’Aquin ».

Interventions d’une vingtaine de minutes environ chaque fois.

 

                                                    Communication de M. Alain Thote. MM. Bercé, Lavagne et Zink, présidents de séance, 26 novembre 2021, cl. Ph. Cachau

 

La séance fut prolongée par la réception d’usage dans la grande salle de l’auditorium André et Liliane Bettencourt.

Ce fut pour nous, bien évidemment, un plaisir immense que d’être présent à cette assemblée annuelle. Nous adressons nos plus chaleureux remerciements à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres pour son aimable invitation. Elle marque toute l’attention qu’elle a accordé à nos travaux sur le marquis de Voyer et ses liens privilégiés avec Julien-David Le Roy, son conseiller artistique, membre réputé de l’Académie au XVIIIe siècle.

Le plaisir d’assister à cette séance fut pour nous d’autant plus grand que toutes ces dernières années furent marquées par une série de malveillances en tout genre d'un certain microcosme de l'histoire de l'art (plagiats, escamotages, spoliations de nos recherches et publications, désinformation) et autres personnalités en vue. La singularité, l’originalité et l’audace de nos recherches et travaux, souvent inédits, suscitent en effet parfois ce type de réactions déplorables dont nous nous ouvrirons sans doute un jour dans nos mémoires.   

 

                                                     Séance solennelle de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 26 novembre 2021, cl. Ph. Cachau

 

De cette séance du 26 novembre 2021, on retiendra surtout le sentiment rassérénant de stabilité et d'érudition que procurent les Académies de l’Institut de France. Elles sont plus que jamais les gardiennes de la belle et grande tradition française de la culture et du goût du savoir. Comme évoqué en séance, trois mots animent l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres : érudition, curiosité et plaisir.

En ces temps de grandes incertitudes, où tout semble parfois perdu dans ce climat d’inculture et de médiocrité croissantes, d’incompétence et de vulgarité qui nous submergent depuis quelques années, elles sont là, immuables, fidèles à elles-mêmes, survivant aux guerres, aux révolutions, aux modes éphémères et au terrorisme intellectuel de quelques-uns.

 

                                Louis Le Vau, Coupole de l'Institut de France, fin XVIIe, cl. Ph. Cachau                   Ph. Cachau sous la coupole de l'Institut de France, 26 novembre 2021, cl. Ph. Cachau

 

Elles viennent nous rappeler combien elles sont là pour assurer la transmission et la diffusion du génie national, celui qui fait la réputation de notre pays à travers le monde, qu’elles récompensent à travers de nombreux prix remis aux chercheurs.

L’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres délivre ainsi chaque année une trentaine de prix - non des moindres - et attribue de nombreuses bourses et subventions. Ajoutons les quelques dix-sept médailles accordées aussi chaque année à titres divers. Elle assure enfin la proclamation des diplômes d’archivistes paléographes à l’issue de la formation de l’Ecole des Chartes.

Bref, un des hauts-lieux de l’excellence française, digne de ce nom, qui mériterait d’être évoqué davantage dans les médias.                                                            

Asnières : le château de Mme de Parabère dévoilé

Le 19 novembre, furent présentés aux Amis du château et du Vieil Asnières, dans le cadre de notre conférence sur le second château d'Asnières (1699-1750), les plans et l'élévation de ce château érigé en 1699 pour l'abbé Antoine-Louis Lemoyne, prêtre docteur en Sorbonne, chapelain de Notre-Dame de Paris et chanoine de la cathédrale d'Evreux.

 

                                                        Le château d'Asnières et son parc, annees 1700

 

Ce fut là un moment privilégié pour plusieurs raisons :

1°) Maintes fois évoquées par les historiens de la Régence et du début du règne de Louis XV, ainsi que dans le beau film de Bertrand Tavernier, Que la fête commence (1975), ce château qui abrita les amours du Régent, Philippe III d'Orléans (1674-1723), et de sa maitresse, la fameuse comtesse de Parabère (1693-1753), demeurait d'une physionomie totalement méconnue jusqu'ici. Elle fut révélée à travers les plans du rez-de-chaussée et du premier étage, du plan général amendé (basse-cour, cour et jardins) et de l'élévation principale côté jardin - valable pour la cour également - que retrouvés par nos soins en début d'année 20211.

2°) L'architecte Jean-François Lepaultre (165?-1703), frère aîné du sculpteur du roi Pierre Lepaultre (1659-1744) et neveu de l'architecte du roi Antoine Lepaultre (1621-1679) était aussi ignoré jusqu'ici des historiens de l'art2. Ce fut pour nous l'occasion d'évoquer cette personnalité totalement méconnue de l'architecture du XVIIe siècle dont le second château d'Asnières constitua l'une des toutes dernières réalisations, la seule attestée en l'état actuel des connaissances. Nous lui rendîmes au passage la reconstruction de l'église à compter de 1703, consacrée en 1711, dont la belle façade classique, conforme à son esprit, demeura en place jusqu'en 1929.

 

                          Jean-Baptiste Santerre, le Regent et Mme de Parabere en Minerve, château de Versailles, vers 1716                      Jean-Baptiste Greuze, Claude-Henri Watelet, Louvre, 1765

 

3°) Cette conférence fut aussi l'occasion d'évoquer la présence d'un certain nombre de personnalités dont et surtout celle du grand collectionneur, auteur et graveur Claude-Henri Watelet (1718-1786), locataire du château dans les années 1740 avant son installation en 1750 sur l'autre flanc de cette boucle de la Seine, à Colombes, au domaine de Moulin Joli. Domaine qui devait contribuer à sa notoriété en matière de conception de jardins, dits "pittoresques" ou anglo-chinois, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.

Moulin Joli trouve en effet son origine à Asnières. Là, Watelet y réalisa une série d'œuvres - ses toutes premières - qui demeurent à identifier, ainsi qu'un théâtre dans le parc, le premier d'une série de trois au XVIIIe siècle.

4°) Enfin, l'origine de la notoriété du village bucolique d'Asnières fut rappelée par la présence, dès le milieu du XVIIe siècle, d'importants membres de la Maison palatine : Anne de Gonzague de Clèves (1616-1684), duchesse de Mantoue, qui, par son union avec le duc Edouard de Bavière, comte palatin du Rhin (1625-1663), allait donner naissance à une nouvelle branche des Wittelsbach à travers ses filles Louise-Marie, princesse de Salm (1647-1679), Anne-Henriette-Julie, princesse de Bourbon-Condé (1648-1723) et Bénédicte-Henriette, duchesse de Brunswick (1652-1730). Cette dernière, ainsi qu'Anne-Marie de Bourbon-Condé (1675-1700), furent inhumées dans la vaste demeure asnièroise.

Avec son superbe parc à la française, celle-ci constitua, de l'autre côté de la grande place du village, le pendant du château que nous connaissons, autrefois en bordure de Seine. Cette importante propriété mériterait amplement d'être étudiée, ainsi que nous le rappelâmes, notamment, aux étudiantes en 'histoire de l'art de l'université Paris-X Nanterre qui étaient présentes. Cet aspect de l'histoire d'Asnières demeure, en effet, encore largement ignoré.

 

                      Jean-François Le Paultre, projet de modification de la cour et de la basse-cour, 1698.               Jean-François Le Paultre, projet de modification des jardins, détail, 1698.

 

La révélation du plan de ce second château au rez-de-chaussée nous permit de conforter l'attribution, publiée en 2013, de la salle à manger du château actuel à Charles De Wailly en 1754-1755, attribution qui nous fut longtemps contestée par le conseiller scientifique de MM. Hervé Baptiste et Frédéric Didier, architectes des Monuments Historiques successifs en charge du château3. Cette salle à manger n'apparait pas sur le plan et ce d'autant moins que le château actuel fut entièrement rebâti à l'emplacement du précédent.

L'intégralité des plans et l'élévation feront l'objet d'une prochaine publication.

 

Notes

1.Nous remercions Alexandre Cojannot, conservateur aux Archives Nationales, de son aimable contribution à ces reproductions. Elles seront reproduites dans un prochain bulletin des Amis du château.

2. Tous ces artistes signent leur nom sous cette orthographe et sous cette forme.

2.On lui doit l'erreur d'interprétation du buste du roi Louis XV sous le vase de fleurs de l'avant-corps central au lieu et place du monogramme de Voyer d'Argenson, ainsi que la couleur grise des boiseries de la galerie au lieu de la couleur vert d'eau, réchampie vert foncée, conservée derrière un des volets. Sur cette salle à manger, voir nos articles : "Le «goût de la bâtisse» du marquis de Voyer",  Journée d'histoire du château des Ormes, annales 2013, p. 30 ;  "Le mécénat du marquis de Voyer au château et aux haras d'Asnières-sur-Seine : enjeux politiques et culturels (1750-1755)", Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art français, année 2013, 2017, p. 139-171.

Mansart de Sagonne, De Wailly et le marquis de Voyer aux Archives Nationales

Le hasard fait parfois bien les choses : aurait-on pensé voir réunis un jour aux Archives Nationales, haut-lieu de la mémoire française, les deux architectes successifs de Marc-René de Voyer d'Argenson, marquis de Voyer (1722-1782) : Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne (1711-1778) et Charles De Wailly (1730-1798)* ? !

Au-delà de ces deux architectes, ce sont leurs sculpteurs ornemanistes attitrés qui se retrouvent également au sein du vaste quadrilatère des Archives Nationales : Nicolas Pineau (1684-1754) pour le premier ; Augustin Pajou (1730-1809) pour le second.

Découvrez dans l'album photos, les clichés de l'inauguration des splendides décors de l'hôtel de Voyer, dénommés faussement "de la Chancellerie d'Orléans" depuis le XIXe siècle, le 19 octobre 2021, par Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, et François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, propriétaire des décors, aujourd'hui installés au rez-de-chaussée de l'hôtel de Rohan-Strasbourg.

Cette opération consacre, de manière inespérée, nos travaux scientifiques sur ces artistes, engagés depuis la fin des années 1980.

Le miracle de ces merveilleux décors est d'autant plus surprenant qu'ils dormaient depuis plus d'un siècle dans un entrepôt de la Banque de France à Asnières-sur-Seine, là même où le marquis de Voyer avait entamé sa fabuleuse aventure de grand mécène du siècle et ce à compter des années 1750** ! 

 

       Maurice-Quentin Latour : Marc-René de Voyer d'Argenson, marquis de Voyer, 1751, Saint-Quentin           Le grand salon, 1765-1769, cl. Ph. Cachau

 

*Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne est l'architecte de la maison Clautrier (1752), au 56 rue des Francs-Bourgeois, ex-directions des Archives Nationales, et Charles de Wailly est l'architecte des décors des l'hôtel de Voyer présentés au bas de l'hôtel de Rohan-Strasbourg.

**Rarement personnalité privée aura autant bâti et dépensé en matière de demeures et de décors au XVIIIe siècle : Paris, Asnières, Les Ormes, La Guerche, Argenson et bien d'autres lieux. Bâtiments qui étaient souvent d'une ampleur exceptionnelle.

Catalogue en ligne de la statuaire de Versailles et Trianon par Alexandre Maral, 2021

Depuis fin juillet 2021, a été mis en ligne le catalogue d'Alexandre Maral sur la statuaire de Versailles et de Trianon du XVIIe au XXe siècle.

https://sculptures-jardins.chateauversailles.fr/essais/remerciements.php#hn

Ce travail colossal, tant attendu, auquel nous avions pris part de juin 2006 à septembre 2007 à la suite de Roland Bossart, documentaliste du château, en collaboration avec lui et l'auteur,  demeure le meilleur souvenir que nous ayons conservé de notre passage à la conservation du château de Versailles.

Ce fut pour nous l'occasion de remettre sur pied le travail effectué par Simone Hoog, prédécesseure d'Alexandre Maral à la conservation des sculptures, en complétant substanciellement le nombre des fiches des statues et reliefs que connut le domaine de Versailles depuis sa création. Travail de recherche (sources, bibliographie, iconographie) qui servit de base à son tour à celui des nombreux collaborateurs qui suivirent depuis ce temps.

Ce fut là aussi pour nous un moment de découverte passionnante d'une foule d'oeuvres insoupçonnées.

Bref, une autre vision de Versailles, premier musée statuaire en plein air du monde, au-delà de la peinture et de l'architecture.

 

    Pierre I Legros, L'Eau, 1681, cl. Ph. Cachau

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Le relief de l'Adoration de la Vierge de la chapelle royale d'Amboise identifié

On ignorait jusqu'à l'an dernier l'auteur exact du relief XIXe figurant Charles VIII et Anne de Bretagne en adoration devant la Vierge à l'enfant sur le portail de la chapelle royale du château d'Amboise. Relief qui vînt remplacer la rosace réalisée sous Louis-Philippe.

Attribué à Adolphe-Victor Geoffroy-Dechaume (1816-1892) par Jean-Pierre Babelon dans son ouvrage sur le château publié en 1990, nous l'avons rendu en 2020 au sculpteur Eugène Legrain (1837-1915) qui l'exécuta en 1879-1880. Si ce sculpteur n'évoque plus rien aujourd'hui, il était au contraire très en vue à Paris au moment de la réalisation du relief, s'étant vu confié la réalisation de la fontaine du Palais du Trocadéro pour l'exposition universelle de 1878 dont Rodin, alors au début de sa carrière, exécuta les mascarons (portés à la cascade du parc de Sceaux en 1937).

Cette attribution, rendue possible par la correspondance de Victor Ruprich-Robert au comte de Paris, conservée aux Archives nationales, vient lever une énigme sur l'auteur véritable de ce relief que l'on croit souvent daté de l'époque gothique.

Relief totalement anachronique en vérité au regard de celui au-dessous, de style renaissant et contemporain du château de Charles VIII à son retour d'Italie en 1495 figurant Le miracle de Saint-Hubert.

Quand le XIXe siècle néo-gothique trompe son monde ... !

https://collections.musee-rodin.fr/fr/museum/rodin/mascarons-pour-la-fontaine-du-trocadero

Article Nouvelle République Amboise du 9 octobre 2021

 

                                           Eugène Legrain, Charles VIII et Anne de Bretagne en adoration devant la Vierge à l'Enfant, 1879-1880. Réattribution par Ph. Cachau en 2021, cl. Ph. Cachau                                                       

                                                                             

Alexis de Tocqueville : de Versailles à la Touraine

On ne présente plus Alexis de Tocqueville (1805-1859), de son vrai nom Alexis-Henri-Charles Clérel, comte de Tocqueville, chantre de la démocratie américaine. Le début de sa carrière fut marquée par sa nomination, en 1827 en tant que juge auditeur au Tribunal royal de Versailles. Son père était alors préfet de Seine-et-Oise.

Cette nomination lui valut de faire la connaissance de Gustave Bonnin de La Bonninière de Beaumont, dit Gustave de Beaumont (1802-1866), désigné l'année précente (22 février 1826), procureur du roi au tribunal de première instance. Beaumont restera à Versailles jusqu'à sa nomination à celui de Paris, le 27 septembre 1829.

Les deux hommes, qui étaient de la même génération et pétris des mêmes idées, se lièrent d'une amitié indéfectible dans la cité royale. Beaumont hébergea ainsi son ami au 66 rue d'Anjou où il disposait d'un appartement. Une plaque commémorative rappelle la présence de Tocqueville à cet endroit, de 1828 à 1832*. Il nous est sensible à plusieurs titres : non seulement en tant qu'enfant du quartier Saint-Louis de Versailles, mais aussi en tant qu'ex-voisin du lieu durant deux décennies et enfin en tant qu'auteur d'un ouvrage sur la famille de Beaumont et son fief tourangeau en 2019**.

                    Logement de Tocqueville à Versailles, 66 rue d'Anjou, cl. Ph. Cachau                    Plaque du 66 rue d'Anjou à Versailles, cl. Ph. Cachau

En 1830, suite à leur démarche auprès du garde des Sceaux, Tocqueville et Beaumont obtinrent du gouvernement un congé de dix-huit mois afin de se rendre aux Etats-Unis pour étudier le système pénitentiaire américain, aux conceptions révolutionnaires alors en termes de gestion des détenus. En avril 1831, les deux hommes embarquèrent au Havre en direction de New York. Ce séjour, qui s'étendit jusqu'en janvier 1832, valut aux deux amis la sortie d'ouvrages majeurs pour le XIXe siècle, à savoir : pour Gustave de Beaumont, Du système pénitentiaire aux Etats-Unis (1833) en collaboration avec Tocqueville et Marie ou de l'esclavage aux Etats-Unis (1835), première grande dénonciation de la situation des Noirs américains. Enfin, pour Tocqueville, l'ouvrage en deux tomes, De la démocratie en Amérique (t. I, 1835 ; t.II, 1840), "best-seller" de la littérature française et européenne. Les deux hommes se livreront ensuite à une carrière politique sur les bancs de l'Assemblée en tant que députés.

                    Les Trésorières à Saint-Cyr-sur-Loire, XVIIIe-XIXe siècles, cl. Ph. Cachau                           Théodore Chasseriau, Alexis de Tocqueville (1805-1859), 1850, Château de Versailles

En 1853, Tocqueville éprouvant le besoin de passer l’été et l’hiver en province - le Second Empire n'était pas sa tasse de thé ! -, son ami Gustave de Beaumont lui trouva une demeure, Les Trésorières à Saint-Cyr-sur-Loire, en périphérie de Tours. Il y séjourna de juin 1853 à mai 1854. Ceci lui permit d'entreprendre des recherches aux Archives départementales d’Indre-et-Loire pour servir son essai, L'Ancien Régime et la Révolution (Paris,1856). Tocqueville décédera cinq ans plus tard à Cannes.

                         Gustave de Beaumont (1802-1866)                                Ouvrage Beaumont-la-Ronce 2019

Cette présence d'Alexis de Tocqueville à Saint-Cyr-sur-Loire, dans la région de la famille de Beaumont, lui vaut aujourd'hui son portrait sur un rond point très fréquenté de la ville. On regrettera que Gustave de Beaumont, issu d'une des plus vieilles familles tourangelles et ce depuis le Moyen Age, né à quelques kilomètres de là, à Beaumont-la-Ronce, n'ait pu disposé de semblable faveur près de lui, son oeuvre littéraire - certes quelque peu oublié aujourd'hui - ayant été au moins aussi important. Espérons que ce regrettable oubli saura être réparé par la municipalité.

* 1831 nous semble plus exact, Tocqueville étant en Amérique en 1831-1832 et à Paris ensuite.

**Ouvrage disponible sur demande (12 euros + frais de port).

Emmerveillez-vous au Garde-Meuble de la Couronne !

Si vous êtes férus du XVIIIe siècle, vous serez comblés !

Courrez vous replonger dans cette époque d'un raffinement extrême en visitant les splendides appartements privés des directeurs du Garde-Meuble de la Couronne, devenu hôtel de la Marine à la fin du XVIIIe siècle.

Au-delà du Siècle des Lumières, vous vous laisserez séduire par le luxe inouï des grandes salles XIXe sur la place de la Concorde, ainsi que par celui du café-restaurant La Pérouse dans la grande cour, nouveau lieu tendance de la capitale.

Vous aurez un avant-goût de ce qui vous attend en vous plongeant dans notre album photos.

N'hésitez pas à cliquer sur les images pour les agrandir comme toutes celles de ce blog.

Bonne visite !

 

       Galeries en enfilade sur la grande cour vers le grand escalier, cl. Ph. Cachau